20 sept. 2009

Le Centre Belge de la Bande dessinée

Entre les expos permanentes qu'on a laissé vieillir (c'est surtout frappant quand on voit la différence avec l'expo sur Troy) et ce tarif non discriminant, j'en déduis que le Centre belge de la Bande dessinée vise d'avantage les touristes et les visiteurs d'un jour qu'un public fidèle (sauf pour la bibliothèque).

Les différentes expos se succèdent mais il n'y pas de transition entre elles. Si bien qu'on a même l'impression à un moment donné de devoir en abandonner une en plein milieu pour en visiter une autre. L'interactivité avec le visiteur n'est pas privilégiée.

Le prix d'entrée donne accès à toutes les expos. C'est très bien pour les touristes, mais peut-être un peu cher pour les familles (mais moins que les grandes enseignes de cinéma). Il n'y a, par contre, pas de prix distinct pour ne voir que les expos temporaires (je trouve que ça manque) mais comme il n'y a pas de séparation entre les espaces…

Voir les critiques des expositions du Centre belge de la Bande Dessinée :

L'Arithmétique de Troy : l'expo qui pousse à la décourverte

Jusqu'au 27 semptembre 2009

Cette exposition temporaire apporte un souffle de nouveauté au centre. Présentation exhaustive des collections de Christophe Arleston, elle réussi à donner l'envie de découvrir le monde de Troy. Elle obtient la note de 4/6.

Médiaton des savoirs : 2/2
L'expo fait découvrir tour à tour les différents titres de sorte que même en ne connaissant ni Lanfeust ni les trolls, on s'y retrouve sans peine. Elle se destine plutôt à ceux qui ne connaissent pas Lanfeust et Troy qu'à ceux qui ont déjà lu toute l'œuvre de Christophe Arleston. Les anecdotes de création ne sont pas assez nombreuses pour que ces derniers y trouvent leur compte.

Mise en scène : 1/2
Des textes courts, décorés à l'image des titres de Troy. Des cadres photos numériques permettent de feuilleter virtuellement quelques extraits (complets). Et pour les souvenirs : on s'amusera à se faire prendre en photo au côté du trolls (grandeur nature). On suivra le sens de lecture logique si on arrive par l'escalier central ou si on termine celle du musée de l'imaginaire.

Il est toutefois possible de débarquer en plein milieu, induit en erreur par une ouverture de l'expo "le musée de l'imaginaire" on pourrait croire que l'expo commence là et qu'il faut interrompre sa visite pour explorer l'exposition consacrée à LanFeust et aux autres personnages de C. Arleston.

Cohérence et public : 1/2
L'objectif de cette exposition : faire découvrir l'univers de Christophe Arleston et de Troy en présentant les différents titre de cette mythologie. C'est réussi, l'exposition donne véritablement envie de les découvrir et de plonger dans l'univers farfelu de Troy.

Le thème annoncé –"l'arithmétique de Troy"- me laisse plus perplexe, car en dehors du jeu de mot et de trois formules sur l'extérieur des bornes (et donc hors du circuit de la visite), ce thème n'a aucun lien avec le sujet. Il laisse surtout l'impression que quelqu'un a un peu trop réfléchi.

Expo pour initiés : "Brussels in Beeldekes"

Jusqu'au 20 septembre 2009

Objectif manqué de la salle "the gallery" pour cette exposition temporaire. Explications et mises en scène se distinguent par leur absence. Verdict : 0/6

Médiation des savoirs : 0/2
Que des planches originales sans commentaires : qu'y a-t-il a comprendre ? Vu le titre de l'expo, elles représentent certainement toutes Bruxelles à différentes époques, mais on n'y reconnaît rien. Une seule explication : un texte d'un bloc à la gloire du groupe flamand pour le soutien au auteur de BD. Un honneur qui est sans doute mérité mais quel est le rapport avec la représentation de Bruxelles ?

Mise en scène : 0/2
Il n'y en a aucune, les planches, sur des murs flottant, point.

Cohérence & public : 0/2
Quel rapport avec l'objet annoncé de cette salle d'exposition (à savoir la mise à l'honneur de ceux qui font l'actualité de la BD). Il faut sans doute bien connaître bruxelles pour apprécier cette expo à sa juste valeur. Quelques explications auraient suffit à élargir ce public.

"Le musée de l'imaginaire" : bible BD en chantier

Exposition permanente
La principale exposition du Centre belge de la bande dessinée est une véritable "bible" des pères fondateurs de la BD belge. Ceci dit, si la base y est, pour chaque aspect noté l'exposition manque de finitions. Je lui donne la note de 3/6.

Médiation du savoir : 1/2
Cette expo est une succession de biographies d'auteur/dessinateur, illustrées de nombreuses planches. En conclusion de chaque séquence, un texte présente ce que chacun a représenté dans l'institution du neuvième art. Ce texte contribue incontestablement à la compréhension.

Ce n'est malheureusement pas le cas de tous les textes : beaucoup sont trop chargés de dates et de références. L'un d'entre eux, consacré à la veine réaliste du Journal Spirou, m'a même paru incompréhensible. Autre frein à la compréhension, toute cette succession entraîne une certaine confusion en ce qui concerne leur rôle d'auteur ou de dessinateur.

Mise en scène : 1/2
Au départ, il faut trouver où commencer car le sens de lecture n'est pas toujours clair. Le texte de conclusion sur le rôle qu'a joué tel auteur ou dessinateur est, pour certains, le premier que le visiteur voit lors de son parcours, or le début n'est pas la place des conclusions. Les autres explications s'éparpillent sur de petits textes placés entre les différents dessins et planches. Ils est donc trop facile d'en manquer un. Il y également des textes plus grands mais chargés de dates et de références en italique, ce qui ne favorise pas leur lisibilité.

En parcourant cette exposition, on tombe de temps à autres sur une tentative de mise en scène : un élément de la BD à l'échelle humaine. Ces mises en scène ne participent pas à la compréhension et sont trop parsemées pour créer une ambiance. Elles doivent surtout être destiné aux enfants.

En revanche, il faut accorder une mention spéciale au "musée des schtroumpfs" : il présente les lutins bleus, leurs mœurs, leur plat favoris, … comme on décrit une tribu étrangère dans un documentaire. C'est une façon originale de découvrir ou retrouver les petits héros de Peyo. Dommage pourtant, il interrompt en plein milieu la biographie de leur créateur. Il serait plus agréable pour le visiteur de placer ce "musée" à la suite.

Cohérence & public : 1/2
La succession des auteurs est peut-être parlante pour les spécialistes mais le fil conducteur est plus flou pour quelqu'un qui, comme moi, découvre le sujet. D'abord, l'exposition semble suivre l'ordre chronologique. Ensuite, elle aborde le "journal Spirou" et donc un ensemble d'auteurs et les différentes périodes phares de la revue. Par après, on découvre d'autres auteurs, avant un intermède qui souligne l'interdépendance entre Bande dessinée et presse, etc. Un enchaînement de thématiques qui peuvent dérouter ceux qui ne voient pas le rapport entre elles.

Le public de cette exposition sera surtout constitué de lecteurs. Le sujet peut être abordés par de vrais débutant mais il faudra plusieurs visites et des recherches annexes pour acquérir une certaine maîtrise du sujet. En première visite, l'exposition ouvre surtout les yeux sur l'ampleur du sujet.

Fierté de collectionneur : "Le trésor"

Exposition permanente

Deuxième exposition du centre belge de la BD, la salle du trésor présente les originaux qui font la fierté du centre. D'avantage parade que partage de connaissance, elle reçoit la note de 2/6.

Médiation des savoirs : 0/2
Cette expo n'apprend rien, son seul intérêt sur ce plan est éventuellement d'attirer l'attention sur une BD ou un auteur qu'on ne connaît pas, comme un échantillon. On se serait contenté d'un petit mot sur l'auteur, sur le titre, sur l'idée à la base de la création…

Mise en scène : 0/2
Une succession de vitrine nous présente ces originaux minutieusement étiquetés. Parfois munis de leur texte (dans la langue originale de l'auteur - attention), parfois non. Les extraits ne sont même pas regroupés par auteur ou par titres. De temps à autre, un extrait s'étend sur plusieurs planches côte à côte, mais n'espérez pas voir le sens de lecture indiqué, tant pis pour vous si vous ne suivez le bon sens. En résumé, le trésor est avant tout protégé.

Cohérence & public : 2/2
Comme annoncé à l'entrée de la salle, cette exposition montre les précieux originaux de la collection du Centre, sans plus. Ceux qui aiment voir des originaux, contempler le "vrai" (dont je ne fais pas partie, ce qui explique la sévérité de ma cotation dans les points précédents) pourront s'en mettre plein les mirettes et ne seront pas déçus. C'est donc à ce type de public seulement que je conseillerais cette expo.

Belle expo d'antan : "La naissance d'une BD"

Exposition permanente

Cette première exposition du centre belge de la bande dessinée explique comment on crée un bande dessinnée. Je lui attribue la note de 5/6.

Médiation des savoirs : 2/2
Cette exposition présente les différents métiers qui s'y investissent, de l'idée de l'auteur à la commercialisation de l'ouvrage. On comprend facilement ces différents rôles.

Mise en scène : 2/2
L'explication est matérialisée par la présence d'outils, de photos et de planches de BD parfois à l'état d'ébauche. Ces dernières font écho aux explications. Tendres ou humoristiques, ces planches rendent le sujet plus léger et plus facile à comprendre.

Cohérence & public : 1/2
Cette exposition donne ce qu'elle annonce et donc ne déçoit pas. En abordant les techniques qui se substituent à la colorisation, elle se veut même ouverte à l'évolution du processus. Elle souffre pourtant de quelques faiblesses.

Elle s'adresse surtout à un public de lecteurs : toutes les explications sont du texte. On sent que l'exposition n'a pas subit beaucoup de changement depuis sa création (existe-t-elle depuis 20 ans comme le CBBD ?). Elle est pourtant loin de mériter l'abandon.